Newsletter #3 : entrée dans la seconde phase de l'accompagnement
La lettre des territoires pilotes
Bonjour à toutes et à tous,
Si vous recevez cette newsletter, c’est que vous vous êtes engagés dans le programme Territoires Pilotes. Si ce n’est pas le cas, bienvenue à vous, sachez que des membres de votre collectivité s’activent pour démarrer la transition et avancer vers un mode de vie plus durable. Cette newsletter a pour objectif de vous rappeler ce qu’il s’est passé ces dernières semaines dans les territoires accompagnés. Ils sont encadrés par l’Association de Promotion de la Fabrique des Transitions et leurs alliés. Une multitude d’acteurs (privés comme publics) avec la volonté de porter les 10 territoires pilotes vers une démarche globale de transition.
🗣️ Édito : L’envol des projets
Léa Tramontin - lea@territoires-audacieux.fr
Vous engager dans ce parcours était déjà révélateur d’une volonté d’agir pour des villes, et des vies, plus durables. En février, débute la deuxième phase de l’accompagnement du programme Territoires Pilotes. Les fondamentaux des cadres de pensées et d’organisation du premier cycle seront mis à contribution concrètement sur le terrain. Chaque délégation va bénéficier d’un suivi particulier en fonction du projet qu’elle souhaite voir éclore en priorité sur son territoire.
Les processus d’inter-connaissance déjà entamés lors des différentes journées communes vont également continuer, et même se développer, puisque des sessions entre groupes de pairs vont avoir lieu. Il a d'ailleurs été beaucoup question de coopération et d'intelligence collective pendant les premières sessions. Il est désormais temps de mettre tout cela en pratique. Au sein de votre collectivité, mais aussi entre vous, acteurs de ce programme. Action !
Et évidemment, les moments d’inspiration continueront d’être au rendez-vous pour nourrir les réflexions et les envies des uns et des autres.
📖 En théorie…
Une rubrique pour revenir sur les apprentissages donnés et les connaissances assimilées.
Les dernières journées passées ensemble se sont tenues en visioconférence les 20 et 21 janvier. Elles faisaient suite aux diagnostics réalisés dans chaque territoire (seul Arras n’était pas encore à jour, son diagnostic est désormais réalisé).
Julian Perdrigeat a commencé par une synthèse des observations de la Fabrique sur le parcours. Même si les territoires n’ont pas les mêmes enjeux et que leurs fonctionnements en écosystème varient, il retient des similitudes autour de fondamentaux comme « muscler l’enjeu coopératif, la capacité de travailler en collectif, en transversalité. » Mais aussi, « on a trouvé partout une volonté de mettre les sujets sur la table, une capacité à se dire les choses ouvertement dans une relation de confiance. C’est un point d’appui fondamental pour la suite. »
Jean-François Caron a également souligné l’art du « parler vrai » qui caractérise cette promotion de territoires et un mot qui ne cesse de revenir : coopération. « Le management est un enjeu dans 9 territoires sur 10 » ajoute-t-il.
Pour activer la deuxième phase de ce parcours, le passage à l’action, trois outils ont été présentés aux délégations.
Un accompagnement terrain, majoritairement autour d’un projet concret opérationnel, où les membres de la Fabrique et les alliés vont se mobiliser pour vous aider.
Le travail entre pairs. Il ressort à chaque fois que l’enjeu est de muscler le jeu coopératif. Ainsi, chaque acteur, en fonction de son rôle (agent, élu, etc) va pouvoir échanger avec ses homologues dans la confidentialité. Le but sera de définir ce que chaque catégorie d’acteur peut apporter aux autres dans une logique de professionnalisation et de montée en compétence.
Des approfondissements thématiques. Une journée commune autour de l'alimentation, avec des intervenants alliés de la Fabrique. Et trois autres journées sur des thématiques liées à la méthodologie.
Les délégations ont ensuite été invitées à se regrouper pour travailler sur les forces et les faiblesses de leurs territoires, les améliorations et les pistes d’actions qu’elles identifient, suite au diagnostic. Puis, elles ont été regroupées en fonction de la strate territoriale et de la population. Dans chaque groupe, les territoires ont présenté leur réflexion sur le précédent exercice. Cela a permis de nourrir un dialogue inter-territorial. Les échanges ont été fructueux, chacun s'est montré curieux et attentif aux différentes situations. Des points communs sont apparus, et des conseils également. Enfin, tout le monde s’est rejoint en plénière pour débriefer.
📝 En pratique…
Une rubrique pour revenir sur les moments de prospective et d’action des territoires.
La Fabrique a ensuite souhaité faire découvrir Lil’Ô de l’Île Saint Denis. Ce pôle d'activité écologique et citoyen est installé au cœur d’une ancienne friche industrielle. Aussi innovant qu’inspirant, ce projet a permis de montrer à tous que la coopération des acteurs peut être un réel moteur du territoire. Une preuve de la force du collectif, sous la forme des PPPPP, des “partenariats publics-privés-population-pour la planète”.
Territoires Audacieux s’est rendu sur place pour réaliser ce documentaire :
Les différents acteurs autour du projet ont ensuite pris la parole.
Mohamed Gnabaly, le maire, a débuté pour appuyer le fait que Lil’Ô permet de tisser des liens avec les autres échelons de collectivités. Des dialogues qui peuvent ensuite nourrir d’autres projets. Il a également insisté sur la participation citoyenne. En effet, les habitants sont invités à venir co-construire le lieu, qui participe aussi à redonner du travail à des personnes éloignées de l’emploi. Lil’Ô apporte au rayonnement du territoire de manière plus globale, « comment on bouleverse les mécanismes de spécialisation de nos territoires pour devenir des villes où on veut habiter plutôt que juste passer ? » se demande le maire. Avant de poursuivre : « la stratégie de transition écologique qu’on porte depuis des années est une des conséquences de la venue des JO sur notre territoire, et avant du stade de France. »
Pour Anne-Sophie Casteigt, directrice de l’emploi, de l’insertion et de l’attractivité territoriale au sein du département de la Seine Saint-Denis, « on fabrique du bien commun sur un lieu commun ». Selon elle, un des marqueurs fort du projet est que les acteurs ont réuni le droit à l’expérimentation et l’initiative dans le temps long. « Puis on est allé un peu plus loin, en se donnant une “destination” en se disant que le chemin, on le construirait ensemble. On a fait le pari de faire tout ensemble : emploi, écologie, santé, etc. »
Laurent Monnet, élu de Plaine Commune, se réjouit que le département ait confié ce terrain à Halage. Il met en avant « le partage, le croisement, la capacité à lier en permanence les acteurs du territoire sur des points de vue partagés. Notre rôle, c’est de valoriser les porteurs de projets, les mettre en lien, pour faire émerger de nouveaux projets. [...] On voit bien que Lil’Ô, c’est une fabrique de la vie, une fabrique de liens. »
Philippe Mignard, responsable du service développement local de Plaine Commune, pointait à son tour du doigt qu’ils avaient réussi à « avoir une relation de partenariat qui permet de sortir de la relation prescripteur/donneur d’ordre ». L’enjeu, maintenant, étant d’arriver à réaliser conjointement le changement d'échelle des initiatives de l’ESS et des politiques publiques qui les soutiennent.
Du côté de l’Etat, Marianne Cuoq, de l’Agence Nationale pour la Rénovation Urbaine, a souligné la manière dont Lil’Ô réimplante de l’activité productive en ville. « C’est intéressant de voir comment l’acteur privé travaille en lien avec les collectivités pour créer ce projet. C’est l’idée de venir travailler sur l’innovation, se dire que les acteurs privés ont un rôle et qu’il faut trouver l’équilibre pour travailler avec eux. »
Sophie Bosquillon, élue de l’Ile Saint Denis en charge de la Nature et de la Ville, de la biodiversité et de la mobilité, précisait ensuite que l’accompagnement des compétences et des connaissances était clé dans ce genre de démarches fondées sur le développement par l’insertion. Avec les habitants, par exemple, « la “transition écologique'', c'est un mot qu’on n'emploie pas forcément en tant que tel. Pour nous, c’est une adaptation au changement climatique, pour donner aux habitants les moyens de s’emparer de ce sujet. Tout l’écosystème humain, c’est une expérience absolument fondamentale. »
Enfin, Stéphane Berdoulet, fil rouge du documentaire et co-gérant du Phares, (« notre centre du monde ») est intervenu pour le présenter. Il a mis l’accent sur le fait que c’est un pôle apprenant et ressource, un lieu où les acteurs réfléchissent à comment créer de la richesse sur le territoire. Il appuie également la méthode de cycle de projet, où « on cherche une destination, on n’a pas tout scénarisé à l’avance, on se donne le temps de constater les conséquences de nos choix pour se requestionner et faire évoluer le diagnostic ». Il termine son propos sur la gestion des risques. Car un tel projet en comporte évidemment, notamment financièrement : « Ce sont des sujets qu’on travaille avec les différents acteurs : comment on partage les risques ? Sachant que notre objectif final n’est pas une simple rentabilité économique. Il faut savoir investir de plusieurs façons pour rendre ces projets possibles. »
🔎 Les nouvelles des territoires…
Une rubrique pour suivre les évolutions des territoires.
Quel a été l’impact de la restitution du diagnostic sur votre territoire ?
Robert Verrière, Adjoint à Reugny, délégué à la Transition écologique et citoyenne, l’Agriculture et la Communication :
Notre restitution publique a eu lieu le 31 janvier. C’était extrêmement riche, ça a permis d’avoir un retour assez étonnant. Certaines choses auxquelles on ne s’attendait pas forcément. C’est un éclairage intéressant pour les travaux à venir, nous sommes déjà dans une posture différente et ça démontre l’originalité de la démarche. Je dirai qu’il y a des petits grains de sable qui font que les choses ne tournent pas aussi bien qu’on souhaiterait. Mais la marge de progression, les objectifs qu’on peut se fixer sont à notre portée si on sait observer une écoute et une posture adaptée et si on facilite le dialogue.
Vous avez décidé d’aller plus loin avec cette restitution ?
Nadège Noury, Directrice ville en transition à Saint-Jean de Braye :
Notre restitution était le 26 janvier, c’est un temps qui a été très apprécié. Le diagnostic a permis de mettre en avant des points forts, des points faibles, des difficultés de manière neutre et constructive, mettre les choses sur la table et se dire qu’on va y travailler ensemble.
L’enjeu de la suite c’est de faire une restitution plus large au comité de transition (le bureau municipal) et à tous les directeurs de la collectivité. Ce sera le 07 mars. C’est un moyen de se l’approprier, de le prendre en main. Il faut qu’on arrive à le présenter de manière engageante pour donner envie aux autres pour la suite. Il faut qu’on arrive à trouver un angle pour digérer ce qu’on reçoit de la Fabrique et le ressortir pour les autres et ça demande du travail. Je pense que ça va être un moment important en interne pour nous.
Avez-vous défini sur quel projet vous souhaitez un accompagnement en particulier ?
Guillaume Sergeant, directeur de la Direction développement durable - santé - prospective territoriale à Beauvais :
Depuis quelques années, on travaillait sur le sujet de la commande publique. Avec les réflexions menées par la Fabrique prospective en 2020, on a remis en perspective l’enjeu que la commande publique est un bon moyen d’agir sur le développement local avec les entreprises locales. Aujourd’hui, on est au tout début d’une mise à jour de cette démarche. Le diagnostic de la Fabrique des Transitions mettait en évidence qu’on avait mis en place des choses et qu’on a perdu la mémoire. C’est la conséquence de multiples éléments. On a tendance à être très productifs en traitant beaucoup de demandes et de dossiers mais on oublie certaines choses dans notre mode projet. J’espère que par le biais de cette démarche, on pourra concrétiser les choses mais surtout les pérenniser. Je n’ai aucun collègue qui remet en cause le principe de travailler là-dessus, ça peut redonner du sens à leur rôle. C’est fondamental de trouver sa place dans une organisation, souvent complexe, et de redonner du sens aux missions des agents.
Ce n’est pas toujours un choix facile à faire…
Cédric Delmotte, Vice-Président de la Communauté Urbaine d’Arras en charge de l’ESS, l’économie circulaire et la gestion des déchets :
La Fabrique veut qu’on identifie un sujet. On a plein de choses sur le feu, on travaille pas mal de sujets en parallèle, donc on y travaille avec les équipes. On va redébriefer et peaufiner. On va plutôt s’orienter sur quelque chose en lien avec l’ESS et peut-être quand même avec l’alimentation. Quoi qu’on choisisse, la notion d’implication dans le territoire en lien avec la population devra ressortir, c’est vraiment ça qu’on a envie de travailler. Puis les outils que l’on mettra en place, sur lesquels on réfléchira, on pourra forcément les adapter, les transposer à d’autres thématiques.
📍En chantier…
Une rubrique pour suivre, du point de vue des alliés et/ou des territoires, les chantiers menés tout au long de l’accompagnement.
Chaque territoire est en chantier de réflexion jusqu’au 10 mars ! L’objectif ? Identifier le projet autour duquel vous souhaitez avoir un accompagnement de l’équipe de la Fabrique et de ses alliés. Pour co-construire avec vous des méthodes et appliquer les fondamentaux appris ces derniers mois. Quatre jours terrains seront ensuite débloqués pour intervenir sur chaque territoire.
🔜 À suivre…
Une rubrique pour rappeler les prochaines échéances.
Le programme de cette seconde phase de l’accompagnement comprend divers rendez-vous. Vous pouvez les retrouver sur ce Framagenda.
D’abord, des journées entre pairs. Pour chaque délégation, les catégories d’acteurs vont se rejoindre entre elles au cours de trois demi-journées en visio. Le but ? Muscler le jeu coopératif. Suite à ces échanges, une journée AGORA aura lieu en présentiel avec l’ensemble des catégories d’acteurs pour révéler les conclusions des différents groupes et que chacun prenne conscience des capacités et des freins des autres.
Des journées d’approfondissements auront également lieu. Trois d’entre elles seront méthodologiques, sur les thèmes de la construction d’une vision partagée / d’un projet de territoire (entre élus, au sein de l’écosystème coopératif), sur le management par la coopération et sur l’implication citoyenne et la co-construction avec les habitants. La dernière sera thématique, et se focalisera sur l’alimentation. En attendant, si vous ne l’avez pas encore fait, vous pouvez écouter le podcast de La Fabrique qui donne la parole aux territoires pionniers dans ce domaine :
Enfin, l’organisation, sur chacun de vos territoires, d’une journée de rencontre et de dialogue avec le tissu d’acteurs de l’économie locale et de l’ESS (dans le cadre de la recherche-action financée par la Fondation Crédit Coop et pilotée par Céline Coubard du PHARES/InterstiCiel).
La note d’arbitrage des prochains temps du parcours est à retrouver ici.
👉Inspiration par Territoires Audacieux…
Une rubrique pour vous partager des initiatives à impact positif menées par les collectivités publiques. Des contenus produits par le média Territoires Audacieux.
➡️ Besançon (25) : le lien intergénérationnel au sein des résidences autonomie
➡️ Saône-et-Loire (71) : vulgariser les lois pour favoriser la culture collective des agents
➡️ Lisieux Normandie (26) : La “Filature des possibles”, un réseau de tiers-lieux au service des entreprises, des travailleurs individuels et des missions locales
N’hésitez pas à partager cette lettre aux membres de votre collectivité pour les associer aux réflexions et à la démarche !